On désigne sous le nom d’Ârib une tribu saharienne d’environ 3600 tentes qui forment une sorte de confédération de race arabe, dont le fond paraît d’origine Beni Hassan.
Ils gravitent autour de l’oued Dräa. Leurs campements se déplacent dans une aire de parcourt très étendue et suivant l’état des pâturages.
Ils parcourent:
– Au sud dès » D’biaïat », « Labtana », les hauts plateaux du Drâa et la Hamada jusqu’à « Zmoul », Tinfouchay », « Djefer » et Tindouf. Ils côtoient l’Iguidi dans l’Ouhayla.
– Vers l’est, ils fréquentent les régions de « Tinjoub », « El-Mangoub », « Grart-el-khadem », « El-Mahjez » et la Daoura; des caravanes poussent jusqu’à « Bourziane », dans « Lamâïdar »et aux « Kem-Kem », ou ils voisinent avec les campements « B’raber ».
– En automne, ils se replient vers le Drâa pour surveiller la cueillette des dattes.
– En hiver, ils rallient « D’biaïat » pour faire les semailles.
Ils ne parlent que l’Arabe, mais beaucoup connaissent le Berbère des Aït Âlouane et des Aït Khabbach, appris au cours de leurs contacts fréquents avec les campements et les caravanes de ces tribus.
La confédération des Âribs comprend les tribus suivantes:
– Nâamna:
* Ouled Rezg, Nouaji, l’Gouacem, l’Badine
– Gradba:
* Ouled Bouden, Ez-zioud, Ed-douabat, Ouled Razzoug, Ouled Youssef, Ouled Bahou,
El-ouarrat.
On les dit arrivés d’orient dans le « Zab » avec la grande invasion du XI eme siècle, de là, certains passèrent sans doute au XII eme siècle dans l’Oued Massôud ( Basse Saoura) et au T’ouate, puis en plein désert, d’ou leur premier *Rezzou* connu vint opérer aux oasis en 1281.
Leurs tentes parcouraient le nord de l’Iguidi qu’on appelle encore la terre des Âribs, ou l’on prétend qu’ils ont planté les rares palmiers des puits de l’Ouhayla et l’erg chèche où ils remplacèrent les « Tajakante », et ou ils construisirent des puits qu’on cite encore comme modèles, Ils commandaient là, la route du « Timmi » (T’ouate) à « Taoudenni ».
Puis certains poussèrent au hasard de leurs relations commerciales jusqu’au Soudan, ou une centaine sont encore installés près de Tombouctou, d’autres revinrent en Algérie dans le « Hodna », qu’avaient envahi leurs frères restés au Zab, puis dans la vallée supérieure de l’Oued Sahel et près de la maison carrée où ils sont restés, le gros remonta vers le nord jusqu’au Drâa, où ils ont eu au moins des points d’attache du XIV au XVII eme siècles. Chassés du Drâa, par la déforestation ainsi que sécheresse, les Âribs se dispersèrent; quelques uns s’exilèrent dans la région de Marrakech, la plupart rentrèrent dans la désert où ils occupèrent un moment Tindouf et on les voit constamment opérer avec les tribus du Sahel ou du Soudan ( S’karna, Ouled Delim, Berabich, ..etc)
Vers 1750, ils razzient les « Kounta » de « l’Azaouad », mais l’affaire s’arrange à l’amiable parceque dit une chronique de l’époque, * la tribu des Âribs a de bons sentiments.. » le tapis des pauvres » *.
A ce noyau sont venus s’ajouter au cours de ces multiples déplacements, les éléments les plus divers parmi lesquels il y a eu sans doute des Maures arabes ou berbères, venus de la côte atlantique.
Leur retour dans le Drâa est tout récent, l’explorateur Caillié les a trouvés en 1828 à deux jours du coude, ils paraissent vivre entièrement à l’état nomade et de caravanes vers le Soudan. Ils n’allaient alors au Drâa que s’il y avait des pâturages.
Quelques années plus tard leurs razzias les menaient encore en 1846 jusqu’au « Tadikelt ». A l’époque de la reconnaissance de Foucault ( 1883-84). ils avaient cependant déjà « Ksar Zaïre »; à l’endroit même où les avait trouvés Caillié. En 1904 le capitaine Regnault apprenait de ses informateurs qu’ils avaient quinze feux à » Ksair Âribs » au « Ktaoua ». Mais aucun à l’oasis de M’hamid.
Enfin vers 1907, le Cherif Moulay Dahbi, maître incontesté de cette oasis, a appelé les Âribs au secours. Voilà un an qu’il tentait désespérément de résister avec ses faibles contingents de « Chourfa » et de Ksouriens, appuyés par un petit groupement d’arabe Beni M’hamed du Drâa, aux attaques incessantes de Ait Âlouane. Pour décider les Âribs, Moulay Dahbi leur promit d’offrir le quart du ksar des Ouled Ahmed aux M’hamid El-ghizlane.
Pendant neuf mois, les Âribs et les Ait Âlouane s’affrontèrent sans obtenir de victime nette d’un côté ou de l’autre. Pragmatiques, ils en arrivèrent à un compromis aux termes duquel les Ait Âlouane partageraient le quart du Ksar que Moulay Dahbi avait promis aux Âribs moyennant la paix pour les M’hamed.
Mais les Âribs rachetèrent la part revenant aux Ait Âlouane et restèrent seuls propriétaires du quartier . Une période de sept années de sécheresse favorisa leur installation dans le pays. La famine incita en effet les Ksouriens à vendre leurs propriétaires aux Âribs, eux-même à l’abri du besoin grâce à leurs nombreux troupeaux.
C’est ainsi que, peu a peu, la tribu s’appropria tout le ksar Ouled Ahmed, y compris ses cultures et sa palmeraie, et qu’elle utilisa les habitants comme fermiers (khamess) * faute de savoir pour l’agriculture*. elle devint en outre propriétaire d’un Ksar au Ktaoua de façon similaire.
L’autorité chez les Âribs se trouvait entre les mains de la J’maâ, appelée par eux » L’aârabine », cette assemblée procédait annuellement à l’élection d’un Cheikh-al-âam pour chacun des deux grands regroupements des Nâamna et des Gradba. Chaque cheikh devait notamment veiller au maintien de l’ordre dans son groupement et assurer l’exécution des décisions d’arbitrage rendues par le « Cadi » (le juge).
En matière de justice, les Âribs avaient un « Ôrf » ou droit coutumier qui se juxtaposait aux prescriptions coraniques. Chez eux le meurtre entraînait la peine du talion. L’auteur présumé ne pouvait se disculper que par la prestation du serment de quarante de ses proches ou amis.
Selon l’usage, neuf parents ou amis accompagnaient le meurtrier prenant la fuite pour échapper à la vengeance des parents de sa victime. Ces neuf hommes pouvaient réintégrer la tribu après quarante jours d’exil, mais le meurtrier en restait à jamais banni. Cela n’empêchait pas des meurtriers, après que le temps eût fait son oeuvre, de demander à une famille Maraboutique d’intercéder pour eux. Dans ce cas, les marabouts le ramenaient dans la tribu en le mettant sous leur protection, et lui ordonnaient d’égorger une chamelle et de la déposer sur le seuil de la tente de sa victime. Il devait se présenter aux parents de cette dernière dans une attitude de repentir, les mains liées derrière le dos et un couteau entre les dents. Si la famille lui pardonnait elle le déliait sur le champ et on oubliait l’affaire. Mais si elle repoussait la démarche, l’homme était aussitôt reconduit là où il vivait en exil, unique lieu où la vengeance ne pouvait l’atteindre.
La « diya » ou prix du sang n’était pas admise, car, les Âribs ne mangent pas le sang d’un frère.
Du point de vue religieux, ils dépendaient presque tous de la » Zaouia », s’astreignant à faire leurs cinq prières quotidiennes et ne dédaignant pas quand les nécessités nomades leur en laissaient loisir, aller écouter les lecteurs des Hadiths que leur prodiguaient le « Taleb » attaché à leur campement ou Douar.
Ce Taleb remplissait les fonctions d’instituteur, d’imam et de secrétaire, il rédigeait les actes de mariage et de divorce, assistait les malades et laver les morts. Il se tenait dans une tente qui servait à la fois d’école, de mosquée, de chambre d’hôtes et de salle de conseil de la J’maâ.